Le jour où je me suis fait passer pour le cousin de Maurice Chevalier
Cette histoire est extraite du livre "Kayak mon amour, jusqu'où iriez-vous pour sauver votre boîte" par Habib Oualidi, chez Pomdam éditions, chapitre "Troisième vie. A very good joke".
J’avais presque l’impression que notre affaire était dans le sac et qu’il suffisait juste d’être bon à la présentation pour l’emporter. Nous avions deux semaines pour préparer notre offre. Comme à l’arrivée, mes deux hôtes allaient m’accompagner jusqu’à l’ascenseur. J’étais confiant et très souriant, mais ce qui allait se passer par la suite allait complètement me déstabiliser et me flanquer une panique que j’avais rarement connue.
Une fois devant l’ascenseur, la chargée de communication me lança, à brûle-pourpoint ;
- Ah, j’allais oublier, Monsieur Oualidi ! Bien évidemment, votre présentation sera en anglais. Car, comme vous le savez, Rank Xerox est une entreprise américaine.
- Ah oui, bien sûr, balbutiais-je. Mais, qui sera là ? Il n’y aura que nous !? …
- Oh non, on sera une bonne douzaine dans le comité. Vous savez, même entre français, ici, nous tenons toujours nos réunions en anglais. Aujourd’hui, avec vous, c’était une exception pour nous éviter des efforts… J’espère que cela ne vous pose pas de problème !? …
Ce qui allait se passer par la suite allait complètement me déstabiliser et me flanquer une panique que j’avais rarement connue.
La tête que je voyais dans le miroir à l’intérieur de l’ascenseur était celle d’un croque-mort. Costume noir, cravate noire et le teint livide. Vous l’avez deviné, c’était ma tronche. Le sourire Colgate que j’avais accroché le matin s’était évaporé. J’étais abasourdi d’apprendre que je devais tout penser, rédiger et présenter dans la langue de Shakespeare. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de dire oui ? Devais-je rappeler mes interlocutrices pour décliner notre participation ? Pas question ! Nous avions plus que jamais besoin de ce contrat et ce, quel que soit le prix à payer ou l’effort à déployer.
Article complet disponible dans le N° 2 de Business Story Magazine du mois de juillet 2021.
